Projection cinéma - Soirée spéciale avec Marc Pataut et Federico Rossin

Locaux de Peuple et Culture – Tulle

Je ne suis pas cinéphile et ne le serai jamais, j’aime le cinéma quand il ne raconte pas d’histoire. Ces deux films, Trop tôt, trop tard de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, et Honor de Cavalleria d’Albert Serra sont deux expériences, deux moments qui m’ont transformé durablement. Ils parlent de moi, je n’en dirai pas plus si ce n’est l’envie de partager en chair et en os, avec Peuple et Culture, l’expérience que j’ai eue avec ces deux films. - Marc Pataut

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18h
Trop tôt / trop tard
de Jean-Marie Straub et Danielle Huillet (1980 – 100')

Un film, en deux temps, qui lie la France à l’Egypte par les luttes paysannes propres aux deux pays. Sur les images de la campagne française (Bretagne, Normandie, Douaisis, Haute-Loire), sont lus deux textes de Friedrich Engels, une lettre à Karl Kautsky et un extrait de La Question paysanne en France et en Allemagne, textes qui décrivent la misère des paysans français. Pour l’Egypte (la vallée du Nil, le Caire), c’est un texte de l’historien Mahmoud Hussein sur la lutte des classes dans ce pays depuis Bonaparte jusqu’à Sadate. Le film s’inscrit dans la lenteur et la perception en profondeur, composé presque qu’exclusivement de panoramiques circulaires et de plans fixes.
Avec ce film simple comme une vue Lumière, précis comme une page de Salluste et dialectique comme un poème de Brecht, Straub-Huillet ont finalement trouvé une réponse à la question que s’est posée un jour André Bazin : « Pourquoi le ciel se met-il tout seul à l’unisson de l’événement plus sûrement que la plus subtile ambiance de studio ? En un mot, comme en cent, pourquoi le hasard et la réalité ont-ils plus de talent que tous les cinéastes du monde ? »
Les paysans français du XIXe siècle se lient aux ouvriers égyptiens du XXe, la lumière dorée du Nil aux nuages bretons, la lutte d’hier au combat d’aujourd’hui. Federico Rossin
 

20h15 : Repas partagé

20h45
Honor de cavalleria
de Albert Serra (2006 – 115')

Guidés par le hasard, Don Quichotte et son écuyer Sancho Panza errent jour et nuit à la recherche de nouvelles et étonnantes aventures. Chevauchant à travers champs et terres étrangères, ils discutent entre eux et ils abordent une grande variété de sujets, de la spiritualité à la chevalerie, en passant par les choses simples de la vie quotidienne. Jour après jour, un lien d’amitié fort se renforce entre eux. « Honor de cavallería » est une micro-épopée granuleuse, absurdiste et mélancolique, qui défait ou « désécrit », plutôt qu’elle n’adapte, un chef-d’œuvre de la littérature mondiale.

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Normalement, les jeunes cinéastes ont un stéréotype : ils font des films dans un cadre urbain, avec des histoires d'actualité et des thèmes jeunes. À l'inverse, j'ai voulu me réapproprier la tradition du film classique. J'ai décidé de tourner en nu- mérique, ce qui est généralement associé à des films urbains, modernes et chargés d'effets spéciaux. Le mien, en revanche, est un film contemplatif, atmosphérique, où les paysages prédominent. Nous avons tout tourné en extérieurs naturels, il n'y a pas d'intérieurs, pas de décors, pas de constructions artificielles. Les acteurs ne sont pas des professionnels, comme dans la grande tradition de Bresson, Pasolini et Olmi. - Albert Serra

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